- bignolle
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⇒BIGNOLLE, subst. fém.A.— ,,Agent de la Sûreté`` (A.-L. DUSSORT, Des Preuves d'une existence, 1927, dép. par G. Esnault, 1938, p. 32).B.— Arg. ,,Concierge`` (J. LACASSAGNE, L'Arg. du « milieu », 1935, p. 20) :• En arrivant rue Elzévir, quand je suis repassé devant la loge, la bignolle elle m'interpelle : Hé dis donc!CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 209.Orth. — Écrit bignole dans J. LACASSAGNE, op. cit.ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1927 (A. DUSSORT, addenda, p. 30, apportés par ce détenu à SAINÉAN, Lang. parisien du XIXe S. cité par SAIN. Sources t. 3, p. 30 : Pour désigner un agent de la Sûreté, on dit : bourre, maton, matuche, matelot, bignolle, condé, etc.); 2. 1934, date donnée par ROB. Suppl. et ESN. 1966, sans attest.; 1935 bignole (J. LACASSAGNE, op. cit., p. 20 : Bignole. Concierge argot parisien); 1936 bignolle, supra ex.Issu de l'ang. bignolle « qui louche » (VERR.-ON.), déverbal de l'ang. bignoler « bigler, loucher, lorgner », p. ext. « examiner attentivement autour de soi, regarder d'une façon insolente ou indiscrète » (Ibid.) lui-même dér. de bigner « regarder » (VILLON, Ballades en jargon, éd. Lanly, V, 21 : Bignez la mathe sans targer). Bigner est prob. à rapprocher de guigner regarder de côté, d'où les formations parallèles guignolle « gendarme » (DELVAU, v. FEW), guignol « id. » (v. FEW), v. guignol et FEW t. 1, p. 629 b et t. 17, p. 591a.STAT. — Fréq. abs. littér. :6.BBG. — SAIN. Sources t. 3 1972 [1930], p. 69.ÉTYM. 1934; « agent de la sûreté », 1927; du mot régional bignolle « qui louche » (Anjou), de bignoler, lui-même de bigner « regarder » (Villon).❖0 Méfie-toi, m'expliqua Gilberte. Il n'y a rien de plus difficile à déplacer que des bignoles. Surtout quand ils vivent par couples. Il faudrait qu'ils aient commis une faute professionnelle grave et que les locataires demandent leur renvoi à l'unanimité. Et même, dans ce cas, le gérant devrait les reloger ailleurs.P. Guth, le Naïf locataire, p. 223.
Encyclopédie Universelle. 2012.